samedi 19 avril 2014

TERRE DE DÉPARTS









TERRE DE DÉPARTS

   





J’étais là, à Brouage, lors de la naissance de Samuel de Champlain, aux alentours de 1567, (Je ne sais plus très bien la date exacte …)
Samuel de Champlain ! Navigateur, cartographe, soldat, explorateur, commandant, chroniqueur … Et tout cela à la fois ! …
Samuel de Champlain, le père de la Nouvelle France !

Il me semble bien que j’étais là, aussi, lorsqu’il s’embarqua pour l’Espagne, puis pour le Mexique. Je l’ai suivi dans ses explorations du Québec … C’était en 1975 … Et j’ai vu, malgré la neige qui recouvrait la ville, le monument qui rappelle la naissance de Champlain … à Brouage !


À Brouage, j’ai vu les fortifications du plus beau port de mer de Louis XIV … J’ai rêvé à Marie Mancini et reniflé les parfums d’iode et de sel … Les bateaux appareillaient pour porter le sel jusqu’aux pays du Nord … Les pays du Nord … J’y suis passé en 1989, partant pour la Thaïlande … Je connaissais déjà le Laos et ses pagodes.





Je suis né à Rochefort, et je me suis promené dans les « jardins de la Marine ». Par-dessus le mur, j’ai regardé les bâtiments de l’Arsenal.

-       « Tu vois, René Caillé venait ici pour apercevoir son père, qui était au bagne de Rochefort. »

… Au bagne pour une pécadille … René Caillé m’a fait rêver. Je ne suis pas allé à Tombouctou, mais j’ai passé mon enfance au Maroc, puis j’ai séjourné en Algérie, au Congo … Je connais les déserts et les forêts. René Caillé est revenu à Champagne, en Charente Maritime.

Les « Jardins de la Marine » m’ont raconté l’histoire des frères Lesson et leurs aventures dans l’Océan Pacifique. Ils m’ont également parlé de mon arrière-grand-père, Ludovic Savatier, Médecin en chef de la Marine : « le père de la botanique moderne au Japon ». Je suis allé au japon. Je suis allé à Tahiti, où j’ai retrouvé les traces de mon aïeul, qui était l’ami de la reine Pomare … J’y ai retrouvé aussi les traces des frères Lesson, et, bien sûr, celles de Pierre Loti. Des goélettes m’ont conduit jusqu’à chacune des îles des Tuamotu et des Gambier.

Les archives du port de Rochefort et celles de l’ancienne école de Santé Navale M’ont ouvert les manuscrits de Colbert du Terron, les journaux de bord
De la Méduse … de l’Alcmène, dont une partie de l’équipage périt en Nouvelle-Calédonie et dont le voyage s’acheva sur un naufrage en Nouvelle-Zélande … Je suis allé en Nouvelle Calédonie, et j’ai séjourné aux Nouvelles-Hébrides.





Dans la cour du fort Boyard, j’ai rencontré les mannes de Henri Rochefort … Que j’ai retrouvées à Nouméa, au bagne !

Dans le cimetière de Rochefort, j’ai vu le monument dédié au Lieutenant Bellot : Catafalque porté par des ours blancs … Et c’est au Cap Horn que je suis allé ensuite, en passant par Ushuaïa.

Ma famille bruit encore des poésies de José-Maria de Heredia, dont la sœur habitait une maison voisine de la mienne, à saint Georges d’Oléron. Une tante de mon père épousa l’un de ses enfants … Dans la famille, on comptait aussi Pierre Louÿs et Henri de Régnier … Je suis allé aux Antilles …

J’ai fréquenté les abords de l’île d’Aix, visité la maison de l’Empereur et vu la collection de soldats de plomb de l’Aiglon … Je ne suis pas allé à Sainte Hélène, mais j’ai vécu aux Seychelles.

J’ai vu flotter dans les airs, au-dessus du pont transbordeur, des ballons : Ballons libres, ballons captifs, ballons dirigeables … On les construisait dans les usines Zodiac, à Rochefort. C’est également là qu’est né le premier canot pneumatique … Mon père en fit les essais sur la Charente et à Boyardville … Nous emportâmes le prototype , en 1939, jusqu’à Agadir !

Des bords de la Charente, j’ai vu décoller le « pou du ciel », l’ »autogyre » et le coucou de Maryse Bastié … Et maintenant … Si je les totalisais, mes heures de vol en surprendraient plus d’un ! 





Départs … Départs … Mais il me faudrait parler des champs de colza, si extraordinaires au printemps qu’on croirait que l’on a versé de l’or liquide sur l’Aunis et la Saintonge … Il me faudrait parler des rangs de vignes, bleuis par les pulvérisations de bouillie bordelaise  … Des forêts de pins en Oléron et sur la Coubre, des marais salants et de la faune avicole qu’ils abritent … Il me faudrait parler des longues plages blondes … Il me faudrait dire les maisons basses et blanches … Et puis les tours de La Rochelle … Et puis le Museum d’Histoire Naturelle dans les salles duquel j’ai tant erré lorsque j’étais Maître d’Internat au Lycée Fromentin …

Mais, à Rochefort, un jour, je retrouverai sans aucun doute les « Jardins du Retour ».