vendredi 30 janvier 2015

LES OIES SAUVAGES















LES OIES SAUVAGES






              ENTRE St. DENIS ET LA BRÉE





































LES OIES SAUVAGES






Les oies sont apparues ce matin
D'un coup de baguette magique
Elles flottent sur l'eau
Comme une évidence








Tout un peuple étrange
Aux limites de l'estran
D'où venues par milliers
Sur l'aile du vent ?






Uniforme sombre tête noire
Flancs rayés de gris et la culotte blanche
Elles se moquent superbement
Qu'on les dise bernaches ou cravants









Peuple étrange à nos frontières
Voix de gorge
Tout un peuple assemblé
Autre langage autres manières






D'une vague à l'autre doucement balloté
Sans insignes et sans grimoires
Ce peuple ne dit pas les noms de ses dieux
Il vit à nos marges
Depuis la nuit des temps


Peuple indifférent
Énigmatique
Peuple sans stèles
Sans traces et sans vestiges.

mercredi 28 janvier 2015

LA NOCE À St.DENIS D'OLÉRON














À SAINT- DENIS D'OLÉRON…











Noce joyeuse
Jolie mariée
Le vent coquin
Tulle léger
Le Satin blanc
Souliers luisants
Robes coquelicots
À la Saint Barnabé
Cravates des messieurs



























Devant l’hôtel de ville
Un bandonéon chantait
Le cortège s’étirait
Au long de la rue
Fillettes rose bonbon
Tout le monde dansait
Un cornemuseux sans cornemuse
Portait le kilt de tartan
Et les chaussettes à pompons


















L’air sent la marée
La résine et le jasmin
Roses blanches
Roses rouges
Et roses trémières
Le merle lance un trille
Farandole dans la lumière
Les bateaux dodelinent
Et la plage est dorée















Une mouette salue d’un coup d’ailes
Puis deux
Puis trois
L’océan est un champ de fleurs
Le bandonéon chante
Le soleil éclate
Et jette sur la houle
Des poignées de boutons d’or
Le cortège avance vers un horizon de lilas



















Sortez les violons
Sortez les clarinettes
Pour les mariés de Chagall
Le monde est changé !






















Rencontre authentique .... Même l'écossais en kilt était là !

lundi 26 janvier 2015

LE PIANO SUR LA PLAGE ...
















































Plage
Plage longue
Éblouie de lumière
Un piano ...


Il avait abattu ses voiles et son mât


Longue longue longue plage
Sable clair
Un ruban rouge mince
de goémons mouillés
Galbe de l’épaule
Ou du creux des reins
Et le piano ...


La mer froissait ses coupons de soie


Langue d’océan douce douce
Pas un rocher
Chevelures des vagues bouclées












Et le piano
Le piano chanta sur la plage
Le piano chanta
Les mouettes rieuses
rieuses rieuses
Les oiseaux fusaient
En gerbes
En bouquets
Claquements d’étendards


Murmures sur le sable
Chansons des flots


Ricochets
Reflets de jades opales
améthystes et saphirs


Jubilation du piano sur la plage
Plage longue longue douce
Courbe de l’épaule et du creux des reins
La mer froissait ses coupons de soie









Bécasseaux
guirlandes mouvantes
farandoles de joie


Et le piano ...
D’où venu ?


... Je l’ai vu se poser sur le sable
C’était l’aurore
Il repliait ses ailes ...

samedi 24 janvier 2015

CHANSON POUR PIERRE



CHANSON POUR PIERRE














CHANSON POUR PIERRE










Chant 1


Car vois-tu, mère
C’est mon fils que voici
Tu vois
Quand la mer se retire
Et remonte
A nouveau se retire
Sur le sable
Quand le flot se retire
C’est mon fils
Qui court à la laisse
Quand l’océan
Vient bêcher les œillets
Chardons
Chardons et tamarins
C’est mon fils
C’est mon fils que voici
Dans la vague
La vague douce douce
Qui déferle
Déferle et murmure










Chant 2


Le vieux pin n’est plus
Que père planta
O Mère !
Le vieux pin tordu
Étêté
Et ni le grand cyprès
Au tronc creux
Si moussu si penché
Vents orages
Le temps les a tous pris
L’oiseau a fui
La palombe est partie
O Mère !
Le puits même est tari
Asséché
Le cyprès est coupé
Le vieux pin
On a coupé le pin
Et la ronce
La ronce a tout caché ...














Chant 3




Roches roulées
De la jetée brisée
Rompue
O Mère te souviens-tu ?
Ce bateau
Dont les os blanchissaient
Enfoncés
Le port tout ensablé
Immobile
Le canal engorgé
Poisson crevé
Les grands bras du carrelet
Cassés
L’air vibrait sur le mur
De croches
Et de quadruples croches
Silencieuses
La musique de l’été
Au soleil
Et l’odeur de marée ...















Chant 4



Goémons goélands
Le craquement d’un cône
Paillettes au soleil
L’air immobile et chaud
La mer vivante encore
Mais la mer assoupie
Qui se rassemble et prie ...











Chant 5



Sur le rocher
Près duquel nos filets
Dormaient
Sur le rocher aux huîtres
Aux patelles
Aux congres et aux crabes
Le rocher
Au cormoran tout noir
Cou tendu
Ailes demi offertes
Au plein soleil
La balise a rouillé
Penchée
Sa tête en triangle est tombée
Le cormoran parti
Parti dans mon passé
Immobile
Immobile et muet ...












Chant 6



Écarquillés
Les cônes sont tombés
À terre
Du sommet des grands pins
D’autres pins
Qui sont pourtant les mêmes
Ont poussé
Les voici aussi grands
Qu’autrefois
Nous ne trouverons plus
Le mousseron
Aux bords des marais
Salés
D’autre ont bouleversé
Piétiné
D’autres ont acheté
Ont vendu
Ou bien tout ensemencé ...













Chant 7


Si vois-tu Mère
La dune s’est écroulée
Gommée
Si la mer a monté
Descendu
Les arbres ont basculé
Emportés
Si la maison d’été
La maison
Près de l’eau et des bois
N’est plus la nôtre
Si j’ai mis mes filets
Pliés
Tout en haut du grenier
C’est qu’ici
Le temps a tout changé
Coquilles vides
Où furent coquillages ...

Les terriers sont bouchés
Les coquilles vidées
Le laurier a brûlé
Et la mûre a séché
La charrette est cassée
Pourtant près du fossé
La trémière est éclose ...











Chant 8



Me voici Mère
Quand roulent la houle
Lourde
La vigne et la vague
Et voilà
Les enfants de juillet
Par volées
Dans les bois et dans les près
Dans les vignes
Et aussi dans les blés
Tant de voiliers
Tant de voiliers partis
Partis
Ne reviendront jamais
En septembre
Passeront les courlis
Les courlis
Passeront-ils encore ?
Me voici devant toi
Me voici ton enfant
Tant d’amis sont partis
Sur tant de blancs voiliers
Me voici ton enfant
Et voici mon enfant
Le raisin gonflera
Moi je n’ai rien compris ...