vendredi 27 novembre 2015

LES FILLES DE LA SAGESSE





En mémoire du couvent de St. Georges d'Oléron (fermé et vendu !).

En mémoire de la soeur Christine, décédée à St. Laurent sur Sèvre.





              J’ai toujours pensé que le nom porté par cette congrégation de religieuses avait peut-être quelque chose de prétentieux : Fi donc ... Les Filles de la Sagesse ! Mais foin des arrières pensées quelque peu grivoises. Les sœurs sont sages, je m’en porte témoin.

La congrégation a son siège en Vendée, dans la ville de Saint-Laurent-sur-Sèvre, la ville où sont installés également les Frères de Saint Gabriel. Elle a essaimé dans le monde entier. Pour ce qui nous intéresse, elle est installée dans l’île d’Oléron depuis le dix-huitième siècle. Visites et soins aux malades, enseignement, les soeurs ont tout fait, avec cependant, évidemment, une période d’interruption de leur service pendant la Grande Révolution, puisque les ordres religieux avaient été dissous. Chassées de leurs couvents, elles sont revenues dès qu’elles l’ont pu. En Oléron, elles résidaient à Saint-Denis, à Saint-Georges, à Saint-Pierre, à Saint Trojan et au Château, je crois bien qu’elles avaient également un couvent à Dolus.

Actuellement il n’y a plus de Sœurs qu’à Saint-Georges, au Château et à Saint-Trojan. Il faut ajouter qu’elles ne sont plus nombreuses, à peine deux ou trois dans la plupart des cas et très âgées. Notre siècle voit peu de vocations et les Sœurs de la Sagesse ont dû, même, abandonner leurs charges en ce qui concerne la direction de la Maison de Retraite qu’elles géraient au Château depuis si longtemps. Une association régie par la loi de 1901 a pris leur suite en 2008.; Que voulez-vous, la Sagesse n’est plus à la mode sans doute !

Les quelques Sœurs qui demeurent disposent de moyens de déplacement : elles sont souvent appelées à se réunir dans une paroisse ou dans une autre, à oeuvrer pour l’aide aux deux prêtres qui demeurent dans l’île et qui sont bien obligés de courir d’une église à l’autre pour célébrer les offices. Elles courent autant que lui. Mais ne plaignons pas trop les Sœurs, elles savent prendre le temps de préparer le thé et de manger des petits gâteaux ...


L’histoire que je vais vous raconter date de l’après guerre, ( La deuxième guerre mondiale, bien entendu !). Elle ferait une bonne séquence pour un beau film, je crois. Je vois très bien Fernandel dans ce film, ou bien Bourvil ...

Après la guerre, juste après la guerre, les automobiles appartenant à des particuliers étaient rares, l’essence était plus rare encore ... Encore fallait-il, pour en avoir, disposer de “bons d’essence”. Comment se déplacer pour visiter les malades ? Le pays est plat, certes, très plat, puisque le point culminant d’Oléron, situé à Domino disent certain, à Saint-Trojan pour d’autres, s’élève à six ou sept mètres tout au plus ... Alors, le vélo ? - Les vélos étaient rares en ce temps-là, et les pneumatiques étaient encore plus rares encore, et puis, en ce temps-là, les Sœurs portaient encore un uniforme comprenant je ne sais combien de robes les unes par dessus les autres ... et des robes amples, je vous assure. C’était au temps où les Curés portaient encore la soutane. Elles portaient encore, également, la cornette, blanche et amidonnée, les ailes battant au vent comme celles des oiseaux ... Allez donc vous promener à vélo dans ces conditions ! Le vent, justement, parlons-en, du vent : Si le pays est plat, il est tellement balayé par le vent qu’on a l’impression de rouler “vent debout”, à l’aller aussi bien qu’au retour. Vous voyez le vent s’engouffrer dans les plis des robes, dans les volants des cornettes ? Et puis, rien que pour les religieuses de Saint-Georges, il y a bien des distances de sept ou huit kilomètres à parcourir quand vous allez à Boyardville, et autant pour le retour .... Ah! sacré vent ! ... Mais ne jurons pas : le Bon Dieu nous entend.

Qui avait eu l’idée ? ... Qui l’avait réalisée ? - On vit bientôt les Filles de la Sagesse se déplacer ... en auto à pédales ! Vous savez, les autos à pédales que l’on offrait à Noël aux enfants qui avaient été sages ; Celles-ci étaient en fer-blanc, peintes en rouge pour la plupart et, pour la plupart, elles n’avaient qu’un seul siège. L’auto à pédales des Filles de la Sagesse était en contreplaqué, elle était peinte en jaune canari. Construite par un amateur, elle n’en avait pas moins fière allure. Elle était, bien sûr, un peu plus grosse que celles qui sont réservées aux enfants et elle offrait deux places assises. Il faut bien être deux pour pédaler contre le vent ...



Et les filles de la Sagesse pédalaient en levant haut les genoux, pédalaient, pédalaient. Elles le faisaient de bon coeur et riaient à pleine gorge en descendant la côte de la Grimpette.

- ”As-tu vu ce couple de mouettes qui passait au ras des tamarins ? “

- ” Eh ! Pardi ! Des mouettes battant des ailes ? Tu penses ! ... Ce sont les Bonnes Sœurs qui vont rendre visite à quelqu’un de la Brée ! Ce que tu vois, qui est blanc et qui bat, ce sont les ailes de leurs cornettes agitées par le vent ! ”


Mais qui m’a raconté, mauvaise langue, qu’un soir, les Bonnes-Sœurs avaient chaviré dans le fossé, près du petit bois de La Justice ? … Les Bonnes-Sœurs, dans le fossé ?





Mais les Curés n’ont plus de soutanes, les Bonnes Sœurs n’ont plus de cornettes et les voitures n’ont plus de pédales ... Les Sœurs de la Sagesse, très âgées, sont assises sur le bord de leur siège, dans une automobile. Elles ont les lunettes sur le bout du nez et se redressent comme elles le peuvent pour que leur vue atteigne la hauteur du pare-brise. Ce sont toujours des « Bonnes-Sœurs » nomades ... Autant que les curés qui vont d’une église à l’autre ...

mardi 24 novembre 2015

OLERON DE A À Z.















Vraiment de A à Z !

Ce petit livre est une véritable encyclopédie de l'île d'Oléron ...

Tout ... Tout ... Tout sur Oléron !

Aux éditions Alan Sutton.

Réclamez-le à votre libraire habituel.

           PRIX DE VENTE : 15 Euros.

mardi 10 novembre 2015

LA MALCONCHE




       LA MALCONCHE

                               SABLES ....


























MAIS LE SABLE …




Parfum de résine
Et cette odeur d’absinthe venue des dunes là-bas
Sables chauds
Les oyats à peine courbés par une brise légère
Murmure
Des vagues qui se déroulent et se déversent

Au loin un cargo peint par Nicolas de Staël
Trait de pinceau dissout dans la lumière
Flou
Il entre en Charente

















Et puis
Trait gris
Le continent
Cubes et prismes blancs
Armatures des grues d’un port
Arches d’un pont
Taches des îles
Basses
Un vol de bécasseaux comme à la parade
Changeant de couleur en changeant de cap
Virage sur l’aile
Argent
Puis noir






























Un courlis siffle sur deux tons
Pi … Ouitt !
Je t’ai bien entendu !


Un enfant sautille en suivant la laisse
Un galet fait un ricochet
Quatre rebonds dans l’or de la lumière
Le gamin a disparu

















Soleil soleil
Tout est soleil
La balise à l’entrée du chenal
A dévoré son ombre
Le grand pin là-bas n’en a plus
Un avion, très haut dans le ciel
Déroule une tresse de fils d’argent.


Mais le sable …
Le sable file entre mes doigts.

Ma main est presque vide.