VARIATIONS
CLIMATIQUES EN OLÉRON
Quand on vous le
dit !
De 1704 à la
fin de l’été 1707, la sécheresse fut extrême, au point qu’en 1704 on ne put
labourer les vignes et, pendant l’hiver qui suivit, les chemins furent aussi
beaux, aussi secs que pendant l’été dont la chaleur fut intense. La pluie ne
tomba qu’une seule fois , le 8 août, grâce à un orage bienfaisant. L’eau
potable manqua à peu près partout dans l’île. Les malines, fort petites ne
permirent pas d’alimenter les marais et la production de sel fut à peu près
nulle.
Du courant de février au
8 septembre 1706, il n’y eut pas une goutte d’eau. Déjà les esprits inquiets et
Superstitieux croyaient à
la fin prochaine du monde, quand un violent tremblement de terre, qui
n’occasionna heureusement aucun accident, jeta, le 13 novembre, l’effroi
partout. Une sorte d’angoisse s’emparait d’un grand nombre et les hommes
pondérés et réfléchis eurent du mal à rassurer la masse.
La citerne de la
citadelle manqua d’eau en 1707 et il fallut en faire venir de la fontaine de
Lupin, par les bâtiments de Rochefort et on remplit de barriques le souterrain
24 de la courtine 3 et 4. L’année fut cependant très pluvieuse, avec des orages
et des chaleurs telles que, le 20 Juillet, bon nombre de personnes et
d’animaux, dans l’île, moururent d’insolation. Le reste de l’année fut froid,
la pluie si abondante que la moisson n’était pas terminée le 20 septembre. Il
n’y eut pas de sel.
1708 ne fut pas plus
heureuse. Les pluies excessives de l’hiver et du printemps ne permirent pas les
premièes cultures de la vigne, pas même la taille. Des chaleurs intenses
reprirent au mois d’août et on ne fit pas de sel. La misère était partout, mais
1709 devait l’accentuer encore par son hiver d’une excessive vigueur.
Monsieur de Bonnemie dit
que les oiseaux moururent , les corbeaux, les pies et les moineaux exceptés
parcequ’ils dévoraient, pour vivre, les autres oiseaux ; Tous les lauriers
et les figuiers gelèrent. Il fallut les couper jusqu’à la racine.Les gros
chênes fendirent, les branches des amandiers, acacias et noyers furent gelées.
Les blés gelés, furent entièrement
perdus. Dans cette île où l’on entrevoit rarement la neige, la terre,
gelée, en fut couverte du 5 Janvier au 2 Mars..
Beaucoup de puits sans
profondeur, le vin, l’eau de vie, même, dans bon nombre de chais, se trouvèrent
gelés On pouvait traverser la Charente à Rochefort et descendre de La Rochelle,
en petite rade sur la glace.
La pluie succéda à ce
froid terrible. Une disette générale s’en suivit. Pour l’atténuer on recourut
au droit de visite domiciliaire, à la vente obligatoire de tout ce qui
dépassait le nécessaire jusqu’à la récolte suivante et à la taxe enfaveur des
pauvres. Le printemps et l’été permettaient quelques espoirs, qui ne furent pas
de longue durée.
Dans la nuit du 8 au 9
Juillet, un vent d’une extréme violence jeta bas tous les fruits des arbres
épargnés par l’hiver : Pommes, poires, prunes et égrena les orges dont la
pluie avait retardé la moisson . Bon nombre d’arbres furent brisés ou
déracinés. Les feuilles et les pousses de l’année étaient noires, grillées, et
les arbres furent dépouillés comme en hiver. Quinze jours après ils se
couvrirent de nouvelles feuilles et eurent des fleurs au commencement d’août.
Les raisins de cette seconde pousse ne mûrirent pas, mais on cueillit au mois
de Janvier suivant d’assez belles poires et d’assez belles pommes de cette
seconde floraison.
La misère, à son comble,
poussait les gens au crime. Ils furent nombreux. En 1710, le Lieutenant du Roi
fut parmi les victimes. On le trouva étranglé dans son lit,
à la citadelle.
Les tempêtes ajoutaient
Leurs désolations à celles des rigueurs des saisons.
En 1709 elles avaient
renversé plusieurs maisons et occasionné de nombreux naufrages. Au commencement
et à la fin de 1711, il y eut une nouvelle rage des éléments déchaînés. Le 11
et le 23 février, deux grands navires terneuviens, chargés de morues, et dont
les armateurs étaient de l’île, se perdirent : Le premier entre Le Petit
Matha et Le Colombier, le second à La Cotinière. Le 10 septembre, un ouragan
d’une violence inouie fit plus de
600.000 livres de dégâts aux fronts de mer…
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